lundi 16 février 2015

Les Répurgateurs d’Elbion

Chapitre 13

S'asseyant dans la chambre qu'on lui avait donné, Teotiq-ax sorti la lettre qu'il avait reçu la veille. Déroulant le parchemin, il lu quelques mots qui lui firent un choc. Tik-ox avait décidé de le rejoindre au Temple. Il n'avait pas pensé à la prévenir qu'il n'y était pas, qu'il était parti pour Imossoyel durant une période indéterminée. Il prit rapidement une feuille et lui rédigea une réponse rapidement, afin de lui présenter la situation actuelle. Ne sachant pas vraiment quoi faire de plus, il lui demanda toutefois pourquoi elle faisait ça. Dès que ce fut fait, il chercha de quoi la fermer mais ne trouva rien. Décidant que ce n'était qu'un léger détail, il alla la déposer au bureau de Belial afin qu'il fasse le nécessaire pour l'envoyer.



Il sorti ensuite de la maison où Chei et lui étaient logés afin de se détendre en marchant un peu. Ils avaient la chance de se trouver assez proche d'une forêt aux arbres qui semblaient très âgés au vu de leur taille bien que cette dernière soit sans doute également due à la magie environnante. Ne voyant pas de sentier qu'il pourrait suivre pour sa promenade, le reptilien s'enfonça dans l'étendue boisée. La lumière ne pouvait passer le feuillage que difficilement à cause de sa densité. Et dans les rares endroits où elle perçait elle restait teintée de vert ce qui donnait un air surnaturel à la forêt. Chose qui n'était pas dénuée de bon sens en y songeant quelque peu. L'air bruissait du bruit des feuilles mues par le vent et on entendait régulièrement les sons produits par les petits animaux.



Cet endroit inspirait la sérénité absolue et incitait à vouloir rester ici. Plus le reptile avançait entre les fûts des arbres, plus les bruits se faisaient important. Décidant de profiter au maximum de ce site incroyable, Teotiq-ax ouvrit son troisième œil et regarda tout autour de lui. S'imprégnant de l'atmosphère de ce lieu. Les Phases semblaient toutefois converger en un point situé quelques centaines de mètres devant lui. Décidant de découvrir la cause de cet étrange manifestation, il saisit sa Saerath et avança droit devant lui. Il passa près d'un ruisseau en écartant les branches d'un saule pleureur avec la pointe de son arme pour déboucher sur une ancienne clairière comme en témoignait une végétation encore abondante au sol et la "faible" taille des arbres.



Ce qu'il vit à cet endroit le bouleversa, en effet devant lui se tenait un temple ayant un cœur pyramidal d'une taille incroyable. Et bien qu'à moitié effondrée, cette construction imposait encore le respect par son architecture simple et grandiose. Un frisson lui parcouru l'échine tandis qu'il s'approchait lentement d'une pierre ayant chut au sol. Alors qu'il observait ce qui l'entourait, tentant d'emmagasiner le plus d'informations possibles, un craquement brisa le silence derrière lui. Se retournant près à faire usage de la magie, il vit qu'il s'agissait d'une simple roche ayant brisée une branche d'arbre. Rassuré de voir ça, il commença à escalader le temple afin de vérifier si il ne pouvait pas voir au dessus de la cime des arbres.



S'agrippant aux blocs de pierre, les escaladants les uns après les autres, le reptilien approchait de plus en plus de son but. Dans les interstices on pouvait voir des plantes étonnantes pousser. Il semblait que la magie "présente" dans l'atmosphère en grande quantité ait une influence sur la vie. Et, en cet endroit où les Phases étaient particulièrement puissantes, cette conséquence était on ne peut plus visible. Des fleurs aux couleurs éclatantes et aux corolles arborant des motifs d'une complexité incroyable tout en ayant une forme impossible à imaginer dans une nature "normale". Des plantes se penchant sous les courants magique comme sous le vent, chose donnant lieu à des choses étranges quand les deux s'opposaient.



Lorsqu'il atteignit le dernier étage, il se retourna afin d'embrasser le paysage d'un regard. Il avait parcouru une distance plutôt importante en si peu de temps, et de là où il était, il pouvait distinguer l'orée de la forêt d'où il était parti. Il s'adossa à la structure sur laquelle il se trouvait afin de prendre le temps de réfléchir aux événements à venir. Il laissa malgré tout son esprit dériver sur ce qu'il savait de la Première Guerre Nécronomantique. Et une chose l'étonna, une base telle que Imossoyel serait des plus avantageuses pour le camp la contrôlant. Hors jamais durant l'histoire il y avait eu quelque chose de tenté contre cette terre. La question à se poser était donc : pourquoi ça ? Pourquoi cet endroit n'avait jamais été attaqué ? Il n'y avait aucune défense particulière et pourtant...



Perdu dans ses pensées, il ne perçut pas l'approche de Belial qui semblait le chercher. Il portait son armure légère et un cimeterre était fixé à sa ceinture. Il avançait très calmement et progressait dans les rochers avec une agilité qui aurait put être qualifiée de "féline". Il n'utilisait pas ses ailes pour voler. Peut-être parce qu'il aurait été difficile d'atterrir au sommet du temple. Il arriva à ses côtés en le saluant de la tête.



« J'ai fait le nécessaire pour ta lettre, dit-il sans ambages. Est-ce que ce serait trop indiscret de t'en demander le contenu ? continua t'il d'un ton inquisiteur.



- Non pas du tout, répondit le reptile avec un demi-sourire. C'est une amie que j'ai rencontrée pendant mes études.



- Et alors ? Elle est amoureuse de toi je parie ? fit le rapace en rigolant.



- Vous devriez jouer aux jeux de hasard, vous êtes très doué, rétorqua le reptilien avec un sourire.



- Je vois, et malgré tout tu as accepté de devenir un Templier ? demanda-t-il stupéfait.



- Je ne l'ai su, enfin plutôt deviné, qu'après avoir prêté serment. Il était trop tard pour faire marche arrière. Mais je préfère ne pas regretter ce choix.



- Je vois, je suis sans doute mal placé pour comprendre tes motivations, je ne possède pas le troisième œil après tout, mais tu aurais du t'interroger là dessus avant.



- Sans doute, fit le jeune mage en soupirant. Mais ce qui est fait est fait et rien ne me permettra de revenir en arrière.



- Tu as raison, reste tourné ainsi vers l'avenir. Nous devons rentrer à présent. Combien de temps peux-tu voler ?



- Je dirais une dizaine de minutes.



- Ce sera suffisant, aller viens ! »



Sur ces mots le Dakhams s'élança dans le vide ailes déployées avant de voler en prenant un courant ascendant. Teotiq-ax, lui, se concentra intensément afin de le rejoindre. C'était la première fois qu'il allait parcourir une aussi longue distance. Il risquait de s'épuiser mais ce serait une excellente expérience. Il se rendit vite compte que sa magie le propulsait assez vite pour rattraper son guide. Sa Saerath et son Nagamaki le déséquilibraient légèrement mais il lui suffisait d'imprimer une légère pression du côté où il penchait pour corriger sa trajectoire. Le trajet dura en effet très peu de temps, l'avantage du vol était que le relief ne gênait pas le moins du monde la trajectoire suivie. Ils atteignirent rapidement l'orée de l'étendue boisée. Voyant le but de leur trajet approcher, Teotiq-ax commença à perdre de l'altitude petit-à-petit. Réduisant du même fait sa dépense en énergie. Lorsqu'il toucha le sol il fut extrêmement satisfait de ne ressentir aucun contrecoup. Il vit également son mentor fixer l'horizon, se demandant pourquoi, il choisit d'aller le questionner. Il n'était que rarement comme ça et c'était ce qui le surprenait le plus. Toutefois lorsque le reptilien vint se placer au côté de Chei, ce dernier engagea la conversation sans attendre.



« Est-ce que tu perçois quelque chose de particulier ? demanda-t-il sans ambages.



- Non, pourquoi ? Il se passe quelque chose ?



- Pas encore, toutefois... J'ai un mauvais pressentiment mais je n'ai pas la moindre idée de son origine. Je pense que je vais accélérer ta formation à présent. Où en es-tu de l'apprentissage des runes ?



- J'en suis à "Ϣ", la rune de clairvoyance. Pourquoi ? fit-il, curieux.



- Parfait, dit le félin avec un sourire. Nous allons finir cet art aujourd'hui et ainsi je t'apprendrais celui des sceaux. Tu deviendras Templier au plus vite, ainsi nous aurons un avantage sur nos adversaires.



- Si tu le dis je te crois, fit le jeune mage en haussant les épaules.



- J'espère bien que tu le crois, répliqua le smilodon avec un air amusé. Bien, il ne te reste que cinq runes, à apprendre de manière essentielle, les runes majeures. Ce sont les runes correspondant aux Epreuves que tu dois passer.



- La Bravoure, le Discernement, la Maitrise, la Connaissance et la Résistance, c'est ça ? »



Le félin lui fit signe de le suivre sans un mot jusqu'à une zone propre et vide de monde, uniquement plantée de quelques feuillus. Prenant une grande inspiration, il traça les cinq runes sur le sol, celle de Bravoure, le "ƕ" ; celle de Discernement : "ȵ" ; celle de Maitrise, le "ᴤ" ; celle de Résistance,"ᵿ" ; et enfin celle de Connaissance, "ɲ". Il s'agissait des cinq runes majeures qu'il devait connaître.



« Bien, ces cinq runes ne peuvent être utilisé que dans les situations où il ne peut y avoir aucune autre alternative. En effet ; elles ont une particularité qui force à la réflexion quand à leur usage : elles consument l'âme du mage qui les utilise.



- Vous voulez dire que si je décide de les utiliser... commença le jeune Spektazuma.



- Non, tu ne meurs pas. Ton âme est détruite ; ce n'est pas la même chose. Ton corps n'est plus qu'une coquille vide, alimentant ses fonctions vitales et assumants tous ses rôles normalement mais inutilement.



- Pourquoi continue-t-on de les transmettre alors ? fit le jeune mage, interloqué.



- Parce que, si les circonstances l'exigent, elles peuvent s'avérer extrêmement utile. Mais tu dois promettre de n'en faire usage que si il n'y a aucune autre échappatoire.



- Cela va de soit bien entendu. Il n'empêche que je trouve étrange de les apprendre aux apprentis, persista Teotiq-ax.



- Tu n'as peut-être pas totalement tort, acquiesça Chei en souriant. Mais c'est ainsi et, qui sait, tu en auras peut-être l'usage un jour. Même si je ne te le souhaite pas. Maintenant que tu sais ça, passons à l'art des sceaux, qui est le plus complexe que tu auras à apprendre. »



Pendant près de trois heures, Chei expliqua à son élève le principe de cette technique. Depuis la théorie jusqu'à quelques exemples en pratique afin de lui présenter les différents moyens d'unir des runes afin d'obtenir des effets variés et impossible à obtenir autrement. Le temps s'écoula à une vitesse impressionnante, chose peu étonnante étant donné le nombre de données à assimiler. Ces dernières étant trop nombreuses pour être assimilées en une seule fois. Et malgré tout, le flot d'informations ne tarissait pas. Teotiq-ax commençait à se perdre dans cette foule d'éléments. De ces liaisons Kasyw et autres fusions ésotériques.



Alors qu'il s'apprêtait à supplier son mentor de cesser de parler, ce dernier se tut enfin. Profitant de ce qu'il croyait être un cour répit, Teotiq-ax se releva afin de s'adosser à un arbre et reprendre contenance en puisant dans les Phases. Il eut la surprise de voir le Thongorien faire de même et se diriger vers une zone d'entrainement quelques dizaines de mètres plus loin. Il lui fit signe de s'approcher avec sa main et lui dit :



« Suis-moi, tu vas admirer des combattants d'exceptions. Et j'espère que tu en tireras des leçons car maintenant que tu as de très bons réflexes et une bonne forme physique tu dois apprendre la technique. Tu restes trop concentré sur la lame de ton adversaire. Et ça il te faut le changer car tu la vise plus souvent que celui qui la manie. »



Ces paroles stupéfièrent Teotiq-ax. Il ne s'attendait pas à une telle critique venant de son maître mais il du toutefois admettre avec regret qu'il y avait de la vérité dans ses mots. Il fit donc ce qu'on lui demandait, il tourna la tête vers les combattants qui se trouvaient sur la surface ensablée. On voyait six duo de Dakhams se faire face, des armes variées dans les mains. Il en fut un qui attira particulièrement son attention car les deux combattants maniaient des épées semblables à celle du Templier Samuel. Ils se fixaient avec une intensité rare, aucun d'eux ne passait à l'attaque et ils se tenaient à une distance d'environ trois mètres.



On pouvait voir tout leurs muscles tendus à l'extrême, près à réagir si la situation l'exigeait. Alors que le reptilien désespérait de les voir bouger, l'un d'entre eux passa à l'assaut. Il dirigea son arme de manière à frapper son opposant au flanc. Ce dernier para avec un minutage parfait dans un mouvement gracieux avant d'éloigner la lame hostile de son corps et de se remettre en garde. Son adversaire fit de même et leur manège reprit rapidement. Toujours le même schéma d'observation avant que l'un n'attaque et que l'autre ne bloque ou n'esquive.



Au bout d'un certain temps, ils modifièrent légèrement leur façon de faire afin de passer à des enchainements d'actions plutôt qu'un unique geste. La vitesse qu'ils déployaient à présent était devenue normale pour le novice mais elle restait incroyable. Ils cessèrent de combattre au bout d'une heure afin d'aller se rafraichir. Le smilodon se dirigea alors vers eux.



« Messieurs, salua-t-il avec un mouvement de tête. Je souhaiterais croiser le fer avec l'un d'entre vous.



- Combattre un Templier ! Ce serait une folie de prendre un tel risque, répondit l'un d'eux surpris.



- Que diriez vous de tenter la chose avec mon élève alors ? Il a d'excellent réflexes mais il est loin de se battre correctement, fit-il avec un sourire.



- Ce serait plus sûr pour nous je pense en effet, fit le second combattant. Mais qu'en dites vous jeune homme ?



- Ce serait une excellente expérience bien que je doute de tenir la distance face à un combattant comme vous ou votre compagnon, répondit le jeune mage en souriant.



- Autant essayer avant de tenir de tels propos, je serai votre adversaire ! déclara le second duelliste en se relevant. Allons-y, en garde ! »



Teotiq-ax retira sa longue toge et déposa au sol sa Saerath avant de faire face. Il dégaina son Nagamaki et fit face à l'être aviaire en se mettant en garde. Ce dernier l'imita et prit la même position en lui faisant face. Les deux belligérants se fixèrent durant quelques instants avec que le jeune mage ne charge en tentant de frapper l'épaule. Son adversaire était aussi vif que lui et esquiva l'assaut d'un pas en arrière sans que sa garde ne change d'un pouce.



Le reptilien repartit directement à l'assaut en tentant un coups avec le retour mais il fut paré sans difficulté. Le rapace passa rapidement à l'attaque en portant trois coups successifs aux épaules et au genou droit. Les frappes hautes furent aisées à bloquer mais la pointe de l'arme atteignit la jambe, ne causant rien de plus qu'une estafilade sur le tissu du pantalon. Cette touche troubla le Slyth, voyant cet état de fait, son opposant le désarma du plat de son arme, envoyant planer la sienne quelques mètres plus loin. Réagissant par réflexe, l'apprenti tendit son bras et, usant des Phases, fit revenir sa lame à lui.



Il se remit rapidement en garde sans quitter son adversaire des yeux. Il allait lui montrer ce qu'il valait au combat. Il décida de porter la même série de coups que celle qu'il avait subi précédemment afin de voir la réaction de son opposant à une réplique aussi basique. Bien que cet enchainement fut évité aisément il ne renonça pas et se replaça en garde. Sauf que cette fois-ci, il tenait sa lame au dessus de sa tête, à l'horizontale. Il fixa son adversaire sans ciller, maintenant son regard figé mais vif malgré tout. Voyant qu'un d'eux ne ferait rien si il n'y avait aucun stimuli, le Dakhams simula une attaque en se jetant sur lui, épaule gauche en avant afin de déséquilibrer. Cette manœuvre bien que basique fut des plus efficaces car, bien que la carrure du reptilien fut à son avantage, elle ne suffit pas à l'empêcher de perdre l'équilibre. Bien qu'il ne chut pas au sol, il recula de quelques pas ce qui fut plus qu'assez pour que son opposant en profite pour prendre l'avantage et lui plaquer la sabre sous la gorge.



« Bien joué, fit le reptilien avec un sourire. Je ne pensais pas tenir autant toutefois, ajouta-t-il.



- Sans ta magie tu n'aurais pas réussi je pense, répondit son opposant en rengainant. Toutefois il est vrai que tu as bien combattu.



- Merci, j'espère pouvoir recroiser le fer avec vous un jour.



- Si tu restes je pourrais même t'entrainer un peu je pense. Ne serait-ce que te donner des conseils sur la façon de faire.



- Ce serait vraiment très sympathique de votre part, intervint abruptement Chei. Il faudra juste veiller à ce qu'il n'utilise pas la magie. Toutefois... il lui faudra se concentrer sur sa formation mais nous aurons bientôt une occasion de l'entrainer pour la diplomatie.



- Comment ça ? s'étonna le jeune Spektazuma.



- Je t'expliquerai ça plus tard, en attendant notre hôte doit nous attendre je pense. Nous vous remercions messieurs, j'espère vous revoir bientôt. »



Il salua les deux Dakhams avant de partir vers le bâtiment où ils logeaient actuellement. Teotiq-ax fit de même avant de suivre son mentor en tenant sa Saerath et son manteau. Le félin avançait d'une manière décidée. En ouvrant son troisième œil, le reptilien pu voir clairement l'aura de Chei bouillonner. Et bien qu'il ignorât pour quelle raison il était dans cet état il préféra ne pas l'interroger. Il se prépara simplement mentalement à tous ce qui pourrait arriver.



Une fois à l'écart, Chei se retourna brusquement en tendant la main, projetant ainsi une vague télékinétique. N'ayant pas imaginé que son maître puisse l'attaquer magiquement, le Slyth se la prit de plein fouet. Heureusement, elle manquait de puissance et il glissa seulement sur cinq ou six mètres. Ne sachant pas comment réagir, il se contenta d'ouvrir son œil spirituel afin d'observer ce qui risquait d'arriver de manière globale.



« Espèce d'imbécile ! explosa le Thongorien. Tu sais ce que tu as fais ? Tu le réalises un peu ?



- De quoi est-ce que tu parles ? Je ne comprend pas...



- Tu as dit, je cite : "j'espère pouvoir recroiser le fer avec vous". Cela équivaut à une promesse de défi. Et ces défis peuvent aller jusqu'à la mort !



- Mais... Comment est ce que j'aurais pu le savoir ?



- Je dois admettre que j'aurais pu t'en parler, admis Chei en se radoucissant légèrement. Ça m'est sorti de l'esprit avec ce qui va se passer.



- De quoi s'agit-il ? Je pense avoir le droit de savoir en temps que ton apprenti.



- Une délégation Kalidienne, menée par Maya Tevitch, la fille du roi. Et je suis chargé avec six autres Templiers d'assurer sa protection. Heureusement j'ai un rang qui équivaut au sien, enfin j'en ai un. J'essaierai de faire en sorte qu'elle accepte que tu portes tes armes, au moins ta lame, même si tu ne devrais pas.



- Pourquoi je ne pourrais pas porter mon arme ?




- Les Templiers ont un rang correspondant à celui de général dans la plupart des armées, seulement nos apprentis n'ont pas ce rang. Et comme les Kalidiens ont tendance à être légèrement paranoïaque et à interdire les armes nous auront quelques difficultés à assurer une protection efficace si nous ne sommes pas au mieux de nos possibilités. Aller viens, rentrons. Mes confrères vont arriver ce soir, ça me laissera le temps de préparer le terrain. »

lundi 5 janvier 2015

Concours Rénadoc: Adrénaline

Adrénaline


Voilà deux heures que cette femme brune est ici, immobile, le regard dans le vague. Et malgré tout le temps qui s'était écoulé elle ne se doutait pas encore qu'elle était observée. Je ne sais presque rien d'elle, seulement le nécessaire : son nom, son visage, son adresse et le fait que la photo que j'ai eu soit le seul indice que je possède pour l'identifier. Elle ne m'a pas vu, ne peut même pas songer que je suis en train de la dévisager, de réfléchir à comment exécuter mes ordres. Je la suis depuis trois jours, toujours la même rengaine. Elle sort de chez elle à sept heure trente, va travailler, mange sur place. Ensuite, vers dix sept heure trente, elle quitte son travail et viens dans ce bar avant de repartir, mais jamais à la même heure. La seule exception dans sa routine. Hier j'ai trouvé l'endroit parfait pour accomplir mon but. Ce soir, je passe enfin à l’acte.

Elle quitte enfin ce bar, je sors peu après pour ne pas la perdre de vue. Il me reste vingt minutes pour faire ce qui doit être fait, c'est plus que suffisant. Je suis un professionnel, formé pour ce genre de travail. Le boulevard est noir de monde, et bien trop lumineux également. La faute aux décorations pour les fêtes de fin d'année. Il me faut être patient et ne pas la perdre de vue durant ma filature. Elle se retourne brusquement, comme prise d'un pressentiment. Mon cœur cesse de battre quelques instants. Heureusement mon visage banal et ma tenue neutre me permettent de me fondre dans la foule sans risque, elle reprend sa marche d'un pas tranquille. Plus le temps passe, plus le risque de se faire repérer augmente, mais l'adrénaline également. Et rien que pour cette sensation unique je suis prêt à tout.

Le froid m'engourdit les doigts, j'enfouis mes mains dans les poches de mon pardessus pour les tenir au chaud, les garder souples pour ce que je compte faire. Je me rapproche d'elle doucement, le plus discrètement possible. Maintenant elle devrait bientôt tourner à gauche. Qu'est ce qu'elle fait ? Elle continue tout droit finalement ! Frappé de stupeur je m'arrête durant une poignée de secondes ; mais elle commence à sortir de mon champ de vision. J'étouffe un juron et je reprends mon talonnement. Ne pas la perdre surtout, si elle sort de ma vue pendant ne serait-ce quelques temps et la mission peut lamentablement échouer.

Elle rentre maintenant dans une boite de nuit, je la suis, payant mon entrée pour éviter les déboires avec le videur. Je prie pour que le détecteur de métal ne perçoive pas mon stylet. Heureusement seule la pointe est en acier, le reste est en plastique afin de réduire le poids. Mon téléphone vibre dans ma poche selon un rythme caractéristique, je regarde rapidement, un seul message :

« N'oublies pas ton but. -CDF- »

Comme si mes commanditaires songeaient un seul instant que je puisse me laisser détourner. C'est bien mal me connaître. Je ne recule jamais, je me l'interdis purement et simplement. Et voilà que ma cible monte sur la piste et se met à danser. Je me disais bien que sa tenue était différente de ses habitudes. Je ne peux pas l'atteindre sans monter sur la piste, et même ainsi il y aurait trop de témoins pour que je puisse agir en toute impunité. Ma tenue est trop facilement mémorisable ici, c'est la seule qui n'est pas adaptée au lieu. Imbécile que je suis, j'aurais pu, ou plutôt j'aurais du prévoir une telle éventualité. Faites qu'elle descende rapidement, je préférerais ne pas la tuer chez elle, rien ni personne ne la retient là-bas certes, mais je trouve ça bien trop brutal.

Voilà bien un quart d'heure qu'elle est sur la piste, je commence à perdre patience, et à prendre peur. Elle risque de plus en plus de me voir. Je me retire dans les ombres, autant que les spots présents dans ce lieu me le permettent afin de me calmer, de reprendre mon souffle et ma respiration.

Là, enfin ma chance ! Elle descend de la scène, visiblement fatiguée, et se dirige vers le comptoir du débit de boisson.

« Si j'arrive à l'aborder je réussis la mission à coup sûr, me dis-je confiant. »

Alors que j'avance vers le bar, un autre homme va la voir. J'ai l'impression que le destin se joue de moi, qu'il fait en sorte que j'échoue. Dès que je m'approche de l'accomplissement de ma mission, il se dérobe sous mes yeux. Comme si une puissance invisible modelait les fils de l'avenir à son bon plaisir, pour s'amuser de moi qui enrage après chaque échec.

Je continue ma route vers le comptoir, je dois savoir ce qui s'y dit et ce qui se passe. Je me pose également une autre question importante : pourquoi dois-je la tuer ? Que craignent mes employeurs de cette femme ? Mais qu'importe ces réflexions, j'entends quelque chose qui me trouble : elle accepte que cet homme vienne chez elle. Voilà qui va singulièrement me compliquer la tâche à présent. Je ne dois pas me faire voir. Ce qui ne me laisse que deux options : l'éliminer ou attendre avant de commettre mon meurtre. Ne désirant pas tuer inutilement, je réfléchis rapidement. La meilleure solution me semble être l'attente. Ils sortent de la boîte de nuit. Tout en les suivants je réfléchis, pourquoi le commanditaire m'a-t'il dit de ne pas m'éloigner de mon but ? C'est tout de même étrange. J'hésite à le contacter pendant un instant puis je me ravise. Ce n'est pas la bonne solution. La seule que je possède est de réfléchir jusqu'à ce que je trouve celle qui me convient le mieux.

Alors qu'ils se dirigent vers l'appartement de la femme, une chose me frappe. Quand mes employeurs m'ont tendu la photo, ils ont dit qu'il s'agissait du seul « indice » pour identifier ma cible, pas qu'il s'agissait de ma cible ! En suivant cette piste je m'interroge, peut-être s'agit-il de l'homme. Il est vrai que la jeune femme passait beaucoup de temps à discuter par mail et SMS mais rien ne me dit qu'il ne s'agissait pas simplement d'amis ou de la famille. Bien que quelque chose me dise que cette intuition est la bonne. Je décide de m'y fier, j'ai beau être un assassin je ne suis pas dénué de sentiments ni d'émotions. Mais ma mission prime sur le reste. C'est la seule chose qui doit m'importer en cet instant.

Là, je les vois entrer dans le bâtiment, une simple construction couverte de crépis beige. Rien qui ne le différencie des autres. Afin de distinguer ce qui se passera je décide de reprendre le point d'où j'épiais la femme : un immeuble abandonné, le seul des environs. Il devait être rasé mais par manque budgétaire ça n'a pas été fait. Je monte au dernier étage afin d'avoir la meilleure vue possible, je saisis la paire de jumelle afin d'avoir une meilleure vue. Il ne se passe rien de particulier, la personne de la photographie offre un verre à l'autre individu. Mon observation ne m'apporte rien, seul un regard fuyant attire mon attention. Mais un autre détail me fait réagir : la vue d'une déformation dans les vêtements de l'homme. Mon sang ne fait qu'un tour en voyant ça. Mon immeuble n'est qu'à une dizaine de mètres du leurs, je pourrais les toucher avec une arme de jet.

Je ne me détends que lorsqu'un mouvement défait le pli, une illusion d'optique due aux ombres et à la forme prise par le vêtement à cause de la position du bras. Je reçois de nouveau un message sur mon téléphone :

« Protèges-la. L'heure n'est pas venue de lui accorder le don. -CDF- »

Ils auraient distingué une menace avant moi, mais dans ce cas : où peuvent-ils se cacher pour observer plus efficacement que moi ? Je ne comprends plus ce qui se passe ici, à quoi je sers ? À tuer ou à protéger ? À défaut de la peur, le doute s'insinue en moi. Je préfère ignorer mon ressenti afin de me concentrer sur ma nouvelle cible. Il est clair que je dois éliminer l'homme mais je ne sais pas comment m'y prendre. Le moyen le plus efficace serait d'entrer dans l'appartement et de glisser le stylet sous la gorge avant de le tirer vivement. Il mourrait sur le coup et ne souffrirait pas. Une mort simple et sans fioritures. Il semble y avoir une dispute entre les deux personnes, la femme force l'homme à partir. Au même instant un nouveau message :

« Maintenant ! -CDF- »

Toujours cette sempiternelle signature, même dans les cas désespérés ! Je me précipite vers l'escalier et en dévale les marches quatre à quatre afin d'arriver en bas le plus rapidement possible. Une fois en bas je ne vois l'homme nulle part. Craignant le pire je rentre dans le bâtiment en trombe avant d'aller chez la jeune femme. Je sors mon stylet entre les doigts et je me prépare furtivement en me glissant dans les ombres. Le métal, noirci à la suie, luit très faiblement. J'entends des éclats de voix venant de chez la personne devant être protégée. L'homme y est retourné ! Voyant la porte ouverte je la pousse brutalement avec l'épaule gauche tout en saisissant le front de ma cible. Mais il se débat, je trouve ses mouvements si lents, si saccadés et si prévisibles. Ce sont les mouvements d'un animal traqué, d'une personne tentant le tout pour le tout afin de défendre sa vie.

Il fait presque une tête de plus que moi et la peur semble décupler ses forces. J'ai peine à le contrôler. Alors qu'il se retourne pour me faire face je suis projeté au sol. Par réflexe je me réceptionne en effectuant une roulade, avant de me remettre en direction de ma proie. Autour de moi l'appartement est saccagé, des chaises et une table renversées, des cadres photos brisés et jetés au sol couvert d'éclats de verre. Par réflexe je me positionne les jambes courbées, prêt à partir d'un côté ou de l'autre lorsqu'il attaquera. Et il ne me déçoit pas, il se jette sur moi sans réfléchir, je me jette vers la droite, prenant appui sur le mur afin de passer derrière lui. Dans le but d'éviter une autre charge aussi puissante je tranche avec mon stylet au talon d'Achille droit. Il ne pourra pas attaquer aussi facilement à présent. Mais maintenant que j'ai sorti mon arme, je dois aller jusqu'au bout.

Un puissant coup de poing me désarme, une douleur sourde me parcoure le bras droit. Mais je dois l'ignorer afin de finir ce que j'ai commencé. Je ramasse un éclat de verre d'une dizaine de centimètres afin de m'en servir comme d'une arme. Ça devrait suffire pour me battre avant de récupérer ma pointe métallique. Alors qu'il avance pesamment vers moi, du sang coulant sur le sol à chaque pas. Je m'élance sur sa gauche, ma dextre tendue vers sa gorge. Le coup porte, je tranche la carotide de l'homme en y fichant la pointe cristalline. Je me stoppe en glissant sur le sol. Une fois arrêté je me retourne et reprend mon stylet. J'avance d'un pas tranquille vers l'homme ayant chuté au sol entretemps. Il porte frénétiquement ses mains à sa gorge, tentant d'enlever l'éclat fiché dedans.

Je me penche vers lui, mais plutôt que de lui enlever, je pose le tranchant de mon stylet en dessous et d'un large mouvement je lui fais une coupure profonde d'un centimètre passant par les artères carotides et la trachée. J'ai abrégé ses souffrances, la pitié humaine est forte mais si je n'avais rien fait il serait mort de lui-même, vidé de son sang. Je commence à fouiller ses poches afin de l'identifier et de l'ajouter à mon tableau de chasse, mais la voix de la femme me fait sortir de mes pensées.

« Toutes mes félicitations Hanzo, fait-elle chaleureusement.

- Comment connaissez-vous mon nom ? demande-je soudainement méfiant.

- C'est moi qui t'ai engagé, réplique-t-elle calmement.

- Que... Comment ça ? C'est vous "CDF" ? Dis-je stupéfait.

- Ce n'est pas vraiment moi, ce sont plutôt mes employeurs, continue-t-elle d'un ton monocorde. Je voulais savoir si tu avais la capacité d'entrer dans notre groupe. Et pour ça il me fallait te tester.

- Vous voulez dire que... Que j'ai tué un innocent ! M'exclamais-je choqué.

- N'est-ce pas ce que tu fais d'habitude ? me demanda-t-elle d'un ton légèrement moqueur. De plus il n'était pas vraiment innocent, il menaçait de dévoiler notre existence au grand jour. Et ça ; nous ne pouvions pas l'accepter, continua-t-elle avec un air dur sur le visage. Mais qu'importe tout cela, tu as deux choix à présent : nous rejoindre ou mourir car tu connais notre existence. Que choisis-tu ? »

Cette déclaration me fit l'effet d'une bombe. Cette organisation semblait avoir des moyens hors normes, et surtout ne font preuve d'aucune pitié. On me donnait un choix, mais en avais-je vraiment un ? Il ne faisait aucun doute qu'elle était plus douée que moi et pourrait m'éliminer sans le moindre effort. Le choix n'existait pas ici. L'instinct de survie l'emporta, je devais accepter. Accepter de m'engager sur le chemin semé d'embûche de cette société. Je pris donc la parole, d'une voix posée et calme, mais d'une voix m'engageant de manière définitive.

« J'accepte, dis-je avec un air grave sur le visage.

- Alors bienvenue dans Confrérie, tu es comme nous à présent. Un Funeste, un messager de la mort qui ne recule jamais, fit-elle en me tendant un pendentif en forme de triskèle. »

Mon cœur cessa de battre durant une seconde sur cette phrase, une seconde qui me parut une éternité. Un messager de la mort : voilà ce que je venais de devenir. Je tendis une main tremblante vers le bijou avant de m'en saisir avec une fermeté me surprenant moi-même.


 Maintenant, c'était fait. Ma décision ne pouvait plus être annulée. J'étais membre de la Confrérie des Funestes, la CDF. Une organisation tentaculaire de tueurs qui exécutaient les contrats comme les personnes gênantes. Une machine sans émotions, aucune. Un véritable outil de mort. Et à présent j'étais des leurs. Ma destinée était scellée, un mince sourire se fit jour sur mon visage en réalisant ce fait. Je pouvais vraiment me considérer comme un tueur à présent. 

jeudi 1 janvier 2015

Les Répurgateurs d’Elbion

Chapitre 12:

En ouvrant les yeux, Teotiq-ax fut surpris de se retrouver alité dans sa chambre. Lorsqu'il tenta de se remémorer ce qui lui était arrivé, il eut du mal à se souvenir de tous les détails. Il se rappelait simplement avoir perdu le contrôle de ses actions et d’un éclat métallique au cou de celui qui l'avait réceptionné avant qu'il ne heurte le sol.

Alors qu'il tentait de se lever, une douleur atroce éclata dans le bas de son dos, sa seule réaction fut de lâcher un cri rauque avant de retomber dans le lit où il était. En entendant ce bruit, un Dakhams entra brusquement dans sa chambre. Il avait un plumage brun sur le corps et blanc sur le crâne. Ses yeux était gris-bleu et son bec était jaune en tendant vers le noir vers la pointe. À sa ceinture pendaient un katana et un morgenstern. Il salua le Slyth d'un mouvement de tête avant de prendre la parole.

« Ça va mieux ?

- On peut dire ça, gémit le reptilien. Mais vous êtes qui au juste ? Je ne serais pas surpris de voir Chei, mais vous je ne vous connais pas.

- Je suis Samuel, Templier de Sigmar, se présenta-t-il. C'est moi qui ai interrompu ton duel. Je jugeais trop risqué de le poursuivre, expliqua-t-il. En tout cas, je suis bien content d'être intervenu, nous aurions pu perdre un élément prometteur.

- Merci du compliment, si c'en est un. Par contre j’ai une question: combien de temps suis-je resté inconscient ?

- Environ deux jours. Je pense pouvoir deviner que tu as d’autres questions.

- Pourquoi c’est vous qui avez stoppé le combat? Pourquoi c’est pas l’arbitre?

- Pour éviter que tu meures bien sûr, dit-il d’un ton amical.

- Et vous savez pourquoi je souffre autant?

- T’as utilisé trop de magie, donc tu as mal. Ca arrive. Bien, je dois te laisser. Mes responsabilités m'appellent. »

Il se retourna puis se dirigea vers la sortie sans que le jeune Spektazuma ne puisse lui demander autre chose. Il avait tout juste quitté la pièce que le mentor du reptile entra à son tour, un air de soulagement sur le visage.

« Je vois que tu as l'air d’aller mieux, Teotiq-ax.

- Quelle perspicacité, ironisa l'alité. Vous ne pourriez pas m'apprendre quelque chose que je ne sais pas déjà ?

- Et de mauvaise humeur en plus, je sens que ça va être amusant. Tu veux apprendre quelque chose que tu ne sais pas ?

- Oui, et si possible une bonne nouvelle. Enfin je ne sais pas si c'est possible au vu de la situation...

- J'en ai une pourtant : tu as le mérite d'avoir passé l'Épreuve de Bravoure. Malgré ta situation désespérée tu as choisis de lutter jusqu'au bout durant le duel en sachant que c'était voué à l'échec.

- L'Épreuve de Bravoure ? Qu'est-ce que c'est ?

- C'est une sorte d'examen, et il y en a plusieurs, au nombre de cinq : la Bravoure, la Connaissance, le Discernement, la Maitrise et enfin la Résistance. Elles représentent les qualités que tout Templier doit posséder. Le maitre du futur mage-combattant est seul juge en ce qui concerne ce point de la formation. C'est souvent à l'Épreuve de Discernement que la plupart rencontrent des difficultés. Tu en es la preuve, si tu avais choisis d'abandonner ça aurait évité bien des choses.

- Et pourquoi ne pas m'en avoir parlé avant ?

- Le premier de ces examens doit être passé inconsciemment. Mais là n'est pas le sujet, je considère que tu es en bonne voie pour l'Épreuve de Connaissance. Puisqu'à ce que j'ai vu tu as appris presque une cinquantaine de runes, fit-il en désignant le livre sur ce sujet, tu pourras bientôt passer la seconde Épreuve, dès que tu auras finis ça je t’apprendrai l’art des sceaux. Il est autrement plus complexe mais il a quand même quelques avantages non négligeables.

- Je vois, bien je crois que je vais continuer de me reposer quand même, ça ne pourra que faire du bien.

- C'est comme tu veux, je te laisse. »

Une fois seul, le Slyth croisa ses bras sous sa nuque afin de réfléchir. Il se sentait changé, son esprit était plus clair et plus acéré que jamais. Les Phases lui semblaient également plus vives qu'à l'accoutumée. À la réflexion, sa défaite l'avait peut-être aidé à y voir plus clair dans ses sentiments, dans ses pensées. Toutefois, bien qu'épuisé, il voulait essayer une chose. Il tendit la main droite et, avec son esprit, la ganta d'énergie magique. Mais rien ne le manifestait à l’extérieur du monde spirituel. Poussant ses expériences plus loin, il concentra cette énergie en une minuscule gaine autour de son index. Il s'agissait d'un véritable phare pour quiconque possédait l'œil spirituel, mais face à des cadavres, cela serait sans doute utile. Il sourit légèrement avant de sombrer dans un sommeil sans rêve.

Il se réveilla quelques heures plus tard, se sentant bien mieux. Toutefois dans l'atmosphère régnait une tension inhabituelle. Il sentait quelque chose de différent, une sensation désagréable lui parcouru l'échine. Saisissant ses affaires pendues à un mur, il sortit de sa chambre pour se diriger dans le Hall. Il avait compris comment les Templiers s'orientaient dans ce dédale de chemin, tout au moins il commençait à le comprendre. Chaque intersection possédait une magie particulière, pas une Phase, mais une magie particulière. Comme si chacune était une chanson ayant sa propre sonorité.

Il finit par trouver l'origine de cette ambiance difficilement supportable. En effet chacune des sept ailes réservées à une Phase principale bourdonnait, le Temple avait été transformé en une gigantesque base opérationnelle maintenant que la guerre était déclarée. Lorsqu'il arriva dans la partie appartenant aux mages des cieux, Teotiq-ax fut surpris de voir qu'aucune manœuvre n'y était réellement décidée. Pour le moment il s'agissait surtout de discussions pour avoir où seraient envoyés des Templiers et aussi la détermination de leur rôle là où ils iraient. En général ils feraient office de conseiller, bien qu'il était simple de deviner la méfiance qu'auraient les Kalidiens à leur égard.

Une gigantesque carte trônait sur un mur, voyant Chei juste à côté en train de parler à un humain blond d'une quarantaine d'années et portant une hallebarde. Le Slyth se dirigea vers eux en interpellant son mentor qui le rejoignit laissant son interlocuteur en plan.

« Chei ! Tu peux m'expliquer ce qui se passe exactement ?

- Tu tombes bien, nous étions en train de parler de la zone où nous allions être affectés.

- Tu éludes ma question, qu'est ce qu'il se passe ? »

Le Thongorien soupira profondément, et pendant quelques instants sembla chercher ses mots.

« Les Nécronomanciens sont bien plus nombreux que ce que l'on imaginait, nous ne connaissons pas leur stratégie et il ne semble pas qu'ils en aient une. De plus, ils attaquent simultanément partout sur le globe, ce qui rend la localisation de leur base d’opération extrêmement complexe, si ce n’est impossible.

- Nombreux à quel point ?

- Nous l'ignorons totalement, de plus il nous faut tenir compte de l'augmentation de leurs effectifs à chaque victoire. Pour le moment nous ne pouvons que les empêcher d'atteindre les points névralgiques de nos défenses à l'échelle mondiale. »

Cette annonce ébranla le reptile qui dut prendre appui contre un mur. Si jamais leurs ennemis régénéraient leurs troupes, et les augmentaient en ressuscitant les combattants tombés, il ne leurs restait qu'une seule solution : couper la tête du serpent. Hors le moyen le plus efficace de vaincre un magicien était d'en être un soi-même. Et les mages-guerriers comme eux n'étaient que trop peu nombreux pour être efficace. Toutefois leur talent dans le maniement des armes était supérieur, et de loin, à celui des mortels et ils avaient la maitrise des Phases, un atout non négligeable.

« Tu as bien dis que tu parlais de l'endroit où nous serions envoyés ? demanda le reptilien.

- En effet, plusieurs options s'offrent à nous. A l'origine il était possible que nous soyons envoyés à Subatuun mais j'ai refusé.

- Que... Mais pourquoi ? s'étrangla le Slyth.

- Car, comme le montre ton attitude, tu risques de t'écarter de ton rôle en te laissant distraire pour diverses raisons. Je me trompe ?

- Non, admis piteusement le reptile.

- C'est bien ce que je supposais. Je pensais plutôt aller chez les Dakhams, tu y progresseras rapidement en magie et en sagesse, crois-moi. Files te préparer, nous partons sous peu. »

Il retourna rapidement à sa discussion, un air soucieux sur le visage. Il semblait craindre quelque chose, quelque chose de grave et de dangereux. Préférant ne pas s'appesantir sur ce sujet, Teotiq-ax se dirigea vers sa chambre afin de se préparer. Il ne possédait pas grand chose de valeur et c'était bien mieux ainsi pensait-il. Après être entré dans sa chambre, il la balaya d'un rapide regard afin de bien mémoriser le moindre détail. Il saisit donc son livre sur les runes, un des documents qu'il avait amené de chez lui traitant des différents effets des végétaux et la manière de les utiliser.

Il regarda ensuite son bureau et vit la sphère offerte par Tik-ox. Un maigre sourire étira ses lèvres tandis qu'une bouffée de nostalgie l'envahie en repensant aux années passées avec ses amis. Jamais durant tout ce temps il ne lui était venu à l'idée qu'elle puisse éprouver quelque chose pour lui. Il la saisit et la rangea dans sa sacoche afin de ne pas la perdre. En dehors de ces quelques effets personnels il ne possédait plus rien, ayant laissé la quasi-totalité de ses affaires à Subatuun, sans doute pour le mieux sinon jamais il n’aurait su se décider. Il prit également quelques kimonos semblables à celui qu'il portait actuellement afin d'en avoir suffisamment pour le temps qu'ils passeraient chez les Dakhams.

Il prit également soin d'emporter du matériel afin d'entretenir ses armes, de la fine poudre de pierre, de l'huile ainsi qu'une pierre à eau. Ayant fini de rassembler ce qu'il lui fallait, il rédigea un petit message pour dire à Chei qu’il était au terrain d’entrainement en le laissant sur le bureau. Il sortit ensuite de son espace de vie et se dirigea dans l'aile des mages Céleste jusqu'à la zone leur étant réservée.

Dès qu'il arriva, il se plaça à l'opposé de l'entrée, là où il n'y avait personne. Après s'être placé, il traça sur son épaule droite une rune qu'il n'avait jamais essayé, la rune de force Ѫ. Il fallait d'abord tracer le triangle supérieur avant de faire le trait central puis, simultanément, les deux barres latérales. Dès que le tracé fut terminé, la Phase Céleste coula dedans et, à sa grande surprise, quitta entièrement le symbole ésotérique, comme si la magie se distillait directement dans son sang. Saisissant sa Saerath et son Nagamaki chacun dans une main, il fut surpris de leur légèreté par rapport à d'habitude. Il avait peut être trouvé un moyen d'enfin manier simultanément ses deux armes.

Satisfait de lui même, il reposa au sol son équipement afin d'affiner son talent magique. Réutilisant la même méthode que ce qu'il avait fait plus tôt lorsqu'il était alité, il canalisa la Phase Céleste autour de son avant-bras. Il pouvait placer cette couche de magie pure n'importe où sur son corps. Pris d'une brusque inspiration, il trancha l'air d'un mouvement vif du bras, doigts collés, mais rien ne changea véritablement. Bien que si une personne avait été frappée par cet assaut, elle aurait sans nul doute subit des dégâts fortement supérieur à ce qu’elle aurait reçue normalement. Il réitéra l'expérience plusieurs fois mais rien ne changea, l'enveloppe autour de son membre ne se distendait que légèrement. Il comprit alors qu'il retenait inconsciemment la puissance arcanique.

Dans un effort de volonté, il se relâcha totalement, ne maintenant que le minimum de pression mentale afin que la Phase ne parte pas. Il recommença le même geste que précédemment, imaginant une lame d'air filer droit devant lui. La magie lui obéit, se condensant en un tranchant immatériel. Il n'y avait plus la lueur bleue autour de son bras, toutefois il ne se sentait pas plus fatigué que d'habitude, il lui semblait même avoir usé de moins d'énergie qu'en pratiquant normalement la magie. Il voulu recommencer, sauf que cette fois-ci, il écarta les doigts en faisant le mouvement ce qui lui permis de réaliser cinq ondes tranchantes parallèles. Une voix féminine retentit alors qu'il venait de finir cette attaque.

« Ce n'est pas vraiment ce que j'attendais comme accueil alors que je venait m'assurer que tu allais mieux. »

Se tournant légèrement, il vit Irana qui se tenait là, une main tendue droit devant elle, la Phase des Cieux ayant servit à former un bouclier.

« Je suis vraiment désolé, s'excusa le Slyth. Je ne pensais pas que tu étais là.

- Il n'y a rien, je suis bien meilleure pour la magie que Chei, à défaut de l'être au combat. Et puis j'ai eu un aperçu de tes véritables capacités ainsi. Ta magie commence à ressembler à la mienne pour tout te dire.

- Comment ça ? s'étonna le reptile. Je ne comprend pas vraiment.

- C'est simple, il y a deux grandes manières de manier les Phases, les deux se mélangeant naturellement. Il y a celle qui consiste à les canaliser, et l'autre qui consiste à les modeler. Cette seconde méthode est celle que j'ai utilisée pour créer le bouclier, c'est également de cette manière que tu as créé ces lames.

- Et qu'est ce que ça change au juste ?

- Deux choses, la durée pour créer ton sort et l'efficacité. Là où la canalisation est rapide, le modelage est lent. Mais cette seconde méthode donne des résultats bien plus spectaculaire, affirma-t-elle avec un sourire.

- Si tu le dis... hésita le reptilien.

- Bon mais ce n'est pas le tout, j'ai dis que je n'étais pas très douée au combat mais je le reste assez pour te battre. Allez, en garde jeune homme. Montre moi ce que tu as dans les tripes ! »

Elle dégaina son épée, une simple lame bâtarde à garde en croix. Mais la poignée était ciselée et décoré d'un rubis au pommeau. Comme il s'agissait d'une épée à une main et demie, elle put également prendre son Kama, une petite faux d'une cinquantaine de centimètres avec une lame légèrement courbée en mesurant environ trente. Cette dernière possédait un hamon, une ligne de trempe, en vagues et un cerclage doré aux extrémité, contrastant avec le noir du manche. Teotiq-ax sortit son arme avec un soupir, il ne désirait pas combattre. Toutefois la pique lancée par la Thongorienne l'avait fait réagir. Il avait tout juste pris sa seconde arme qu'elle chargeait.

En réaction le Slyth plongea sur le côté en effectuant une roulade pour se mettre hors de portée. L'adrénaline avait repris le dessus, sans laisser à la femelle le temps de réagir, il chargea avec toute la puissance qu'il pouvait pour atteindre le contact plus vite. Mais malheureusement sa Saerath n'était pas suffisamment adaptée pour les duels aussi rapprochés. Créant une zone de pression sous ses pieds, il se recula d'un bon afin de remiser sa lance au fourreau et de ne garder que sa lame. Il aurait quelques difficultés mais rien de véritablement insurmontable.

Il saisit son Nagamaki à deux mains et se concentra, il s'en servit comme catalyseur pour la Phase Céleste. Il concentra tellement de magie que des turbulences parcouraient la surface de l'acier. Réfléchissant rapidement, il vit que le Kama possédait des caractéristiques très similaires à celle du bec-de-corbin avec pour différences majeure la force d'impact et la vitesse.

« L'échauffement est fini ? lança-t-il d'un ton insolent.

- Je croyais qu'il venait juste de commencer, rétorqua la femelle sur le même ton avec un demi-sourire. »

Le reptilien chargea, profitant de sa taille et de sa puissance musculaire pour assener un puissant coups. Toutefois ce faisant il laisse une ouverture dans sa garde dont profita la félidé pour porter un coup avec sa plus petite arme. Teotiq-ax dut stopper son mouvement pour éviter d'être embroché sur la pointe qui le visait.

« Joli, commenta-t-il avec un sourire.

- Et tu n'as encore rien vu ! rétorqua la compagne de Chei. »

Alors que le Slyth se remettait en garde, la smilodon rangea son épée et tendit sa main libre devant elle. Elle canalisa la Phase du feu. Tandis que la magie incandescente prenait la forme de griffes flamboyantes autour de la dextre de l'humanoïde féline elle repris la parole.

« Alors, qu'est-ce que tu en pense ? Pas mal n'est-ce pas ?

- En effet, rétorqua le reptilien. Plutôt impressionnant. Mais comme on entre dans un duel de magie, je vais faire quelques ajustements. »

Se concentrant sur l'énergie présente autour de son Nagamaki, il en modifia les propriétés. Dans le monde matériel, cette manipulation se manifesta sous formes d'éclairs bleutés parcourant toute la lame.

« Parfait, les choses sérieuses commencent à présent, se dit-il. »

Confiant en ses capacités, il chargea la Thongorienne et frappa d'estoc. Celle ci para aisément l'assaut avec son arme d'acier en déviant le coup et tenta de frapper avec l’autre. Le reptile se désengagea au même instant d'un pas vers la gauche avant de recommencer une série d'attaques ayant pour but de gagner du temps. Usant ensuite de la Phase Télékinétique, il repoussa son assaillante à quelques mètres de lui. Cette dernière ne fut pas plus ébranlée que ça par l'assaut puisqu'elle repassa à l'attaque en effectuant un saut incroyablement haut. Invoquant une sphère d'air, le Slyth attendit le dernier moment pour plaquer sa paume au sol et créer ainsi un nuage de poussière.

Usant de l'onde de choc pour reculer, il se réceptionna avec un sourire, ce duel devenait très intéressant pour lui. La main enflammée était une menace de second plan contrairement au kama de son adversaire. La chaleur n'était qu'un léger désagrément pour l'être à sang froid qu'il était. Désireux de passer à autre chose, il rengaina son Nagamaki pour sortir sa Saerath et se mit en garde. Avec ça il aurait une meilleure allonge et porterait des coups plus variés et puissant. Effectuant quelques moulinets avec son arme, il passa rapidement à l'attaque avec un coup d'estoc porté avec toute sa force qui fut toutefois esquivé sans problème.

« Je m'attendais à plus original avec une Saerath, tu devrais la déployer pour exploiter tout son potentiel. »

Ne répondant pas à cette pique de la part de la femelle,Teotiq-ax suivit toutefois son conseil et désolidarisa la lame du manche. Il laissa le tranchant toucher le sol avant de charger de nouveau. Il bondit et usa de ses talents magique pour effectuer un salto lui permettant de frapper verticalement avec une grande force. Irana esquiva avec une facilité déconcertante ce coup et tenta de bloquer la chaine au sol. Voyant cela, le reptilien ramena vivement l'arme en l'air et, libérant sa main gauche, projeta une sphère télékinétique sur son adversaire ce qui la fit chuter au sol. Le choc lui fit perdre sa concentration et les griffes enflammées se dissipèrent lorsqu'elle chut au sol. Voyant cette menace écartée, il réatterri au dessus de son opposante en lui plaquant une lame à moins d'un centimètre de la gorge.

« Je crois que j'ai gagné, fit le reptilien avec un sourire tout en aidant Irana à se relever.

- Je crois aussi, répondit la Thongorienne. Je dois avoir perdu un peu la main en combat.

- Je ne peux pas dire, c'est la première fois que je me bat contre toi. Par contre au niveau magie je ne fais pas le poids je pense.

- Tu verras, en s'entrainant tout est possible, répliqua la smilodon en souriant. Files rejoindre Chei. Il va s'impatienter comme je le connais. »

Suivant le conseil de la Templière, le Slyth sortit de l'arène pour retourner vers sa chambre en espérant arriver avant son mentor. Toutefois cette espoir s'avéra vain car Chei semblait l'attendre de pied ferme. Étrangement aucune colère n'était présente sur son visage qui était, au contraire, parfaitement serein. Même son aura ressemblait à de l'eau dormante : aucune agitation, le calme plat.

« Enfin te voilà ! s'exclama le Thongorien en le voyant arriver. Tu as mis le temps. J'espère que ça t'as fais du bien de t'entrainer au moins.

- Encore heureux, j'ai réussi à battre Irana.

- Que... Comment as-tu fais ça ? fit le smilodon frappé de stupeur.

- Un coup de chance je suppose, répondit le reptile en haussant les épaules. Bon, apparemment nous devons partir non ?

- Oui, répondit le mentor en reprenant contenance. Suis-moi. »

Le jeune Spektazuma avait vu le trouble de son maître. Mais contrairement à la surprise qui ne l'étonnait pas, cet air perturbé le dérangeait. Quelque chose clochait chez le Thongorien. Les deux mages se dirigèrent vers les ponton aérien du Temple afin d'embarquer dans les dirigeables qui les mèneraient à leur destination. Ils montèrent dans un des ballons, il faisait une vingtaine de mètres de long pour quatre de large environ. La toile couleur olive contrastait fortement avec le gris métallique de la cabine s'étendant en dessous.

Tout d'abord peu rassuré par ce mode de transport inconnu, le Slyth entra d'un pas hésitant avant de s'asseoir en face de son mentor qui prit rapidement ses aises. Teotiq-ax tenta de l'imiter mais le tangage de l'engin au départ ne fut pas pour le rassurer.

« Regarde par le hublot, lui ordonna Chei. »

Faisant ce qu'on lui demandait, le reptilien regarda par la fenêtre et fut stupéfait par leur rapidité. Le point d'où ils venaient de partir se réduisait à vu d'oeil. En seulement cinq minutes ils s'étaient éloignés d'au moins dix kilomètres.

« Nous allons vite n'est-ce pas ? fit le smilodon avec un sourire. La combinaison des piles à Phases Kalidienne et de l'énergie ambarique fait des merveilles. Nous aurons une vitesse de croisière d'environ quatre-vingt dix kilomètres heure.

- Attendez, vous avez parlé de piles à Phases ? Qu'est-ce que c'est ?

- Une invention Kalidienne assez récente. Elle a été inventé peu avant la Grande Guerre Nécronomantique. Lors de cette période, les Kalidiens subissaient de nombreuse défaite à cause de leur incapacité à percevoir les Phases. Toutefois, leur premier monarque, un dénommé Diego Tevitch comme ses successeurs, à réussi alors qu'il était un mécanicien à condenser les Phases par un procédé que nous supposons proche de nos runes. Et ensuite il devint leur premier monarque.

- Sans maitriser le troisième œil ? Mais c'est impossible ! s'exclama le reptile.

- Il faut croire que non, mais nous n'avons pas su l'expliquer. À présent ils s'en servent de bien des manières : dans leurs armes, leurs véhicules et j'en passe. C'est grâce à ça qu'ils ont pu survivre.

- Et vous avez réussis à en obtenir ?

- Pas exactement, en vérité en échange de l'assurance que nous ne les attaquerions pas avec nos pouvoirs, que nous n'étudierons pas leurs armements basé là-dessus et de beaucoup d'or ils ont acceptés de nous en céder une vingtaine de chaque Phase principale et de les entretenir. Grâce à ça nous avons maintenant nos propres dirigeables avec ce système pour aller plus vite et également des bon avantages au Temple. Maintenant essaye de dormir, on en a pour une quinzaine d'heures de vol. »

Suivant le conseil du félin, le jeune magicien ferma les yeux, mais au lieu d'essayer de dormir, il commença à ralentir sa respiration afin de méditer. Il se laissa errer dans les moindres recoins de son esprit tout en étudiant les Phases. La Phase des Cieux l'environnait, le frôlait. Les autres courants magiques restaient en retrait, comme si ils sentaient qu'ils n'avaient pas leur place à cet endroit. Mais aucune Phase secondaire ne se présentait au futur Templier, ni n'était visible. Il observa autour de lui et vit que, contrairement à ce que l'on pourrait croire, aucune Phase n'était prédominante à leur altitude. Le temps passait plus rapidement dans la dimension spirituelle pour une raison inconnue.

La magie s'approchait du Slyth, quelque soit sa nature, mais en dehors de celle des Cieux et de celle du feu aucune ne restait vraiment. D'abord étonné par cela, le reptilien tenta de manipuler la Phase enflammée mais étrangement elle ne réagit pas malgré tout ses efforts. La surprise devint rapidement frustration à cause de cela. Comment ce faisait-il que l'une des deux Phases réagissant à sa présence n'agisse pas ? Durant de longues heures du monde physique, il se concentra pour comprendre la raison de cet échec. Il ne savait pas, ne comprenait pas ce qui se passait. Alors qu'il allait essayer pour la énième fois de canaliser une autre Phase, il fut brusquement tiré de la dimension spirituelle. En ouvrant les yeux, il vit que Chei le secouait.

« Que tu médites au lieu de dormir je m'en moque royalement ! fit-il avec colère. Mais tu pourrais au moins ouvrir les yeux lorsque je te le demande. Maintenant regarde en bas. »

Se demandant ce que son maitre voulait lui montrer, le reptilien jeta un œil au dehors et vit que des Galapantas sautaient hors de l'eau. Mais elles ne se déplaçaient pas, lorsqu'elles sautaient elles disparaissaient sous les flots en nageant à la verticale.

« Mais qu'est-ce qu'elles font ? demanda le reptile.

- C'est là toute la question, je n'ai jamais assisté à un tel regroupement, elles sont plusieurs centaines et nous survolons ce spectacle depuis au moins une demi-heure. Je voulais savoir si tu avais déjà entendu ou vu quelque chose de semblable.

- Encore moins que vous. Du moins chez cette espèce.

- Comment ça ? demanda le tigre à dents de sabre, intrigué.

- Et bien, j'ai déjà vu ça aux alentours de Subatuun. Un troupeau de Xiworacdons qui fuyait un incendie de forêt. Peut-être fuient-elles un danger également. Ou bien elles vont se reproduire.

- Pas la reproduction, rétorqua le félin. Les femelles sont encore en gestation de la dernière saison des amours il y a six mois. Quant à la fuite d'un danger... C'est une supposition en effet, mais si il y a un péril, elles doivent le pressentir, car il n'y a rien d'apparent. Nous éclaircirons ce mystère une autre fois. Nous arrivons à Imossoyel, patrie des Dakhams. »

Regardant l'océan dans toutes les directions, Teotiq-ax ne vit rien de notable. Éclatant de rire, son mentor lui pointa du doigt une direction dans le ciel. Le Slyth fut trop éberlué pour réagir de quelque manière que ce soit. Devant lui se tenait une gigantesque île volante. Elle était si grande que l'on ne pouvait en voir l'autre extrémité. C'était un véritable continent aérien. Alors qu'il se tournait vers le smilodon afin d'obtenir une explication, ce dernier lui fit signe d'ouvrir son troisième œil. Et là, il resta bouche bée, le morceau de roche flottant était saturé de l'énergie des Phases. L'énergie présente était telle que, par endroit, il y avait des sources de magie, des concentrations si importante que même le plus faible des mages pouvait lancer un sort cataclysmique.

Le dirigeable s'arrima à une passerelle et les mages sortirent du véhicule. En cet endroit, la végétation poussait avec une vivacité accrue, l'air et l'eau étaient plus purs, c'était un véritable paradis "terrestre". Un Dakhams vint à leur rencontre, protégé par une légère côte de maille et une tunique de cuir bouilli.

« Nous nous sommes inspiré de ce peuple pour nos techniques de combat, nous avons mis l'accent sur la vitesse et l'agilité tout en ajoutant la magie, expliqua Chei à Teotiq-ax en voyant sa surprise. D'ailleurs ta Saerath est en grande partie due à leurs traditions. »

Il se retourna et salua l'aigle humanoïde en s'inclinant légèrement, ce dernier répondant de la même manière. Ils commencèrent rapidement à converser dans une langue que le reptilien ne connaissait pas avant de reprendre la discussion dans la langue commune en voyant que le jeune Spektazuma ne les comprenait pas.

« Enchanté, reprit l'être aviaire en s'inclinant vers le reptile. Je me nomme Belial, dirigeant de ce port.

- Enchanté, répondit le Slyth en s'inclinant également. Je me nomme Teotiq-ax, apprenti Templier.

- Bien, fit le Thongorien en claquant des mains. Maintenant que les présentations sont faites on pourrait peut-être manger un morceau.

- Suivez moi, répondit celui qui les avait accueillit avec ce qui pouvait être interprété comme un sourire. J'ai été averti de votre arrivé et j'ai pris les disposition nécessaire, aussi bien pour que vous rencontriez nos dirigeants que pour votre hébergement. J'ai fait servir un repas à ma table, j'espère que vous apprécierez. »

Il les conduisit vers un bâtiment tout en hauteur, bâti en pierre grise. Il était surmonté d'une coupole de verre laissant passer la lumière. Alors qu'ils allaient entrer, le Templier tendit un rouleau à son apprenti.

« Nous avons reçu ça la veille du départ, ça vient de Subatuun pour toi.

- Qu'est-ce que c'est ?

- Je l'ignore, je ne l'ai pas ouvert. Lis-le après le repas, nous en parlerons si tu le désires ou si tu as besoin. »

Acquiescent d'un signe de tête, le jeune mage glissa le rouleau dans sa tunique. Ça ne pouvait provenir que d'une seule personne et il le savait parfaitement. Il entra et vit la table basse, trônant à une trentaine de centimètre du sol, avec des tatamis couvrant le sol autour.

« Nous avons adopté un style de vie très proche de celui des Tengus, expliqua Belial.

- Ce n'est pas dérangeant, en tant que diplomate nous nous devons de connaître de nombreuses cultures, répliqua Chei. »

Il s'assit à genoux devant un côté de la table après que leur hôte ait fait de même. Voyant son apprenti hésiter devant l'attitude à adopter, il lui fit signe de les imiter. Le reptilien tenta de se mettre dans la même posture qu'eux mais, gêné par sa queue, il dut se résigner à la replier en cercle autour de lui aussi bien pour ne pas bloquer le passage que pour être à l'aise.

Il venait juste de s’installer que le Dakhams leur fit signe de commencer le repas sitôt qu’ils furent installés. Il se composait de petits pains en forme d'anneaux et de différentes garnitures. En boisson, il y avait du vin aux épices, un peu de liqueur ainsi que d'eau. Le repas dura une demi-heure, les sujets de conversation étant assez habituels et mondains jusqu'à ce que vienne le moment du digestif où Belial leur demanda ce qui pouvait se passer chez les Bianthus pour qu'ils ne fournissent plus de perles en échange d'acier drihyien, essentiel pour eux. La discussion prenait une tournure assez intéressante, la politique faisait partie des sujet que devait étudier Teotiq-ax et il le savait bien. Il s'agissait malgré tout d'une discipline fastidieuse. Il décida de surtout écouter la conversation plutôt que de participer car il doutait pouvoir apporter quelque chose alors qu'il n'y connaissait rien. Le dialogue tournait principalement sur ce qui allait se passer. Les Kalidiens en particulier risqueraient de poser problème à cause de leur incompréhension totale de ce que la magie apportait. Il faudrait les convaincre de fournir des systèmes disruptifs pour les zones ne pouvants faire appels à des mages. C'était également pour ça qu'une délégation serait sans doute envoyée afin de rencontre le roi Diego Tevitch, il faudrait le convaincre d'aider à lutter contre les Nécronomanciens, ce qui ne serait pas chose facile.

« Ce n'est pas le tout mais l'heure tourne ! s'exclama Belial. Il va nous falloir aller à la réunion de guerre.

- Nous vous suivons, répondit poliment Chei »

Ils furent conduit vers un bâtiment se situant à moins de trois kilomètres de la cité portuaire. Toutefois lorsqu'ils arrivèrent ils purent voir que les Dakhams n'avaient pas pensé à tout. En effet l'ouverture se trouvait au sommet, situé à huit mètres de haut environ, et les murs lisses s'inclinant vers l'extérieur en montant empêchaient toute escalade. Comprenant brutalement cela, leur guide fut troublé.

« Désirez vous que j'aille chercher une échelle ? demanda-t-il comme si il était inquiet.

- Ce ne sera pas utile, fit Chei en souriant. Montez, nous vous rejoignons rapidement.

- Comme vous voudrez, même si je ne vois pas comment vous allez monter. »

Il grimpa en battant des ailes après avoir haussé les épaules. Teotiq-ax se tourna vers son maitre pour lui demander quelle méthode ils allaient utiliser et vit qu'il se concentrait. Comprenant qu'il allait devoir voler il poussa un soupir et s'ouvrit à la magie. Mais avant qu'il ne puise dans les Phases Chei l'interpella.

« Fais attention, la magie est bien plus puissante ici alors n'en canalise pas trop.

- Aucun soucis, rétorqua le jeune mage. »

Il se laissa aller, canalisant ses pouvoirs et monta lentement. Une fois arrivé en haut, il se demanda pourquoi le Thongorien n'était pas encore arrivé. Il se dirigea vers l'entrée qui ne comportait pas de portes et vit que les politiciens qu'ils devaient rencontrer l'avaient vu arriver. Son mentor le suivit de près, en se retournant, il distingua que ce dernier avait utilisé ses pouvoirs pour faire voler sa cape au vent. Il atterrit à côté du Slyth qui lui murmura :

« Belle mise en scène, c'est pour ça que tu te concentrais ? »

Il ne reçut pour tout réponse qu'un sourire discret alors qu'ils entraient dans la pièce. Cette dernière était assez vide, ne comportant qu'une grande table en bois vernis avec douze chaises ornementées faites dans la même matière. Les murs étaient couverts de bas-reliefs composés de spirales variées et d'arabesques complexes. Des officiels Dakhams possédant des tenues semblables à des kimonos de couleurs variées occupaient onze des fauteuils. D'un geste, celui qui semblait être le président, de par sa tenue, invita Chei à prendre place. Comprenant qu'il n'avait pas vraiment sa place à cette assemblé en temps qu'apprenti, Teotiq-ax resta en retrait, décidé à observer pour apprendre les subtilités de la politique.

Les discussions commencèrent sobrement, tournant autour de sujets peu importants, les différentes personnes discutants échangeant des mondanités. Au bout d'une petite demi-heure, le débat pris enfin une dimension intéressante car s'orientant finalement sur la guerre. Au vu de l'emplacement de leur nation, les aigles humanoïdes n'avaient pas eu à subir d'attaque majeure. Toutefois, une partie de leur peuple avait conservé un mode de vie nomade et courrait, de ce fait, plus de risques. Ils n'avaient reçu aucun rapport d'une quelconque action hostile mais ils craignaient le pire. Heureusement la période hivernale approchait et, avec elle, un rassemblement de leur peuple afin d'en choisir les nouveaux dirigeants. D'ici deux semaines, les premiers migrants arriveraient sûrement.

« Pensez-vous pouvoir apprendre des techniques à nos propres mages afin de nous défendre en cas d'attaque des Nécronomanciens ? demanda le chef du conseil en surprenant le Templier.

- En toute honnêteté, je l'ignore totalement. Voyez-vous j'ai déjà mon propre apprenti que je dois former et je ne peux pas le nommer Templier car il n'a pas fini sa formation, répondit le félin en contrôlant son étonnement.

- C'est bien dommage, que vous reste-t-il à lui apprendre ? s'enquit l'être aquilin. Si cette question n'est pas indiscrète bien entendu, se reprit-il.

- Peu de choses, rien de très compliqué d'ailleurs mais malheureusement je ne pourrais pas l'évaluer convenablement.

- Je vois, et bien tant pis, enfin si jamais vous avez une quelconque possibilité, surtout n'hésitez pas. »

Le conseil dura encore une dizaine de minutes au cours desquels les préparatifs finaux pour la lutte s'annonçant furent mis en place. Des patrouilles furent programmées, en planifiant leurs rondes par périodes d'une semaine entière pour plus d'efficacité. Il fut décidé que les forges tourneraient à plein régime pour réparer et fabriquer d'autres armes en cas d'attaques. Le colloque prit fin dans l’agitation fébrile propre à la préparation pour la guerre.